Eshervell

Prénom : Eshervell

Age : 15 années

Origine : Soldat

Famille : Morts.

Sexe : jument

Race : inconnue

Groupe : nomade

Grade : cheval du camp

Sa robe est bai. D’un doux brun clair sur son corps, ses membres virent au noir, de la même teinte que ses crins. Eshervell, cependant, n’a plus en crinière que quelques crins à la base de ses oreilles, qui forment un toupet ébène. Sa queue, elle, est bien fournie. C’est une jument musclée, mais tout son corps est parcouru de zébrures roses, vieilles cicatrices de brûlures, qui se massent principalement à l’emplacement de sa crinière manquante et sur son dos.
Quand à sa tête, la jument possède deux yeux bleus et une grande belle face immaculée.
Elle est éternellement crispée, les oreilles plaquées contre sa nuque.

Eshervell est bouffée par la rancune. Elle a perdu tous les êtres qui donnait un sens à sa vie. D’autres auraient sombré, seraient mort… Mais la grande bai déteste bien trop le monde désormais pour accepter de le laisser en paix. Elle lutte en permanence contre les nomades, de façon grondante, sous-jacente, mais d’un autre côté, apprécie son rôle auprès d’eux. Capturer des chevaux sauvages, les rabaisser à son niveau, quelle meilleure vengeance existe t-il en cet enfer ? Oh, cela ne veut pas pour autant dire qu’elle laisserait l’un d’entre eux se risquer à l’approcher non armé de la matraque nécessaire. Elle apprécierait sans le moindre doute de tous les tuer… Mais cette idée, cajolée comme un doux rêve, reste du domaine de l’impossible.

Elle rabâche sa haine, et la déverse sur tous ceux qui se risquent à l’approcher. Elle n’a aucun ami, mais aucun ennemi non plus - tout ses congénères se valent à ses yeux. Il n’y a rien qui pourrait la calmer… mais elle ne le désire pas. Le calme, c’est ça qui pourrait bien finir par la tuer. C’est là qu’elle a le temps de penser, encore et encore, aux visages de ceux qui ont compté dans sa vie. Ces visages dont elle se rappelle de moins en moins bien…

Il paraît qu'autrefois, la grande bai était une jument d’une grande douceur, à l’esprit vif, toujours attentive à ses congénères, la première à le voir lorsqu’un membre de sa famille ne se sentait pas en forme. Elle avait alors pas loin de deux ans, et grandissait dans le bonheur avec son demi-frère et ses deux soeurs. Elle aimait explorer, découvrir de nouvelles plantes, de nouveaux animaux, triomphant sans effort particulier des verrous des humains.

Un jour, alors qu’elle revenait de son escapade quotidienne, elle découvrit… le feu. Il y avait des humains qui se combattaient, parmi eux certains lui était familier, mais tout ça n’avait pas d’importance… La grange était en flammes. Réagissant avant même d’avoir pu penser, elle se précipita vers celle-ci, plongeant dans son brasier. Tout était enfumé, et elle n’y voyait à trois centimètres devant son nez. Mais elle chercha, désespérément, un signe de vie, un cri, une silhouette, n’importe quoi !

Puis le feu s’attaqua à elle, lassé du seul bois… et l’odeur de la chair brûlée monta tandis que la douleur s’emparait de son esprit, et la rendait folle.

Après cela, elle demeura dans un brouillard cotonneux, un long moment. Mais même cela, son dernier refuge, cela lui fut arraché dans la violence. Des sabots cognaient contre ses côtes, un souffle saccadé brûlait ses récentes plaies, un poids pesait sur son dos, un… contact sous sa queue. Elle se débattit, fit un bond en avant… Et la violence, la colère, hurlèrent en elle, et elle se retourna vers l’étalon.

Longtemps après, elle reprit ses esprits, et des cordes enserrait son encolure. Elle l’avait tué, sans le moindre doute. Et sans aucun regrets.
Des humains la maîtrisait. Oh, elle ne savait pas encore qu’il ne servait à rien de se battre avec eux… Elle l’apprendrait pourtant par la force, au cours des nombreuses années qui suivrait, lorsqu’elle les côtoyerait. Mais elle était si jeune… Elle avait encore de l’espoir, même si à cet instant là il lui semblait que rien n’était plus faux.

Les années qui suivirent furent un long calvaire, interrompu peut-être par une unique parenthèse de douceur… qui au final la brisa plus durement encore.

Parce que les années filèrent. Si vite qu’elle ne les remarqua pas, toute dévolue au but qui la faisait tenir debout : faire souffrir tout ceux autour d’elle autant qu’elle souffrait. Et quoi de plus horrible que les humains ? Ainsi les nomades sont à la fois son instrument de torture, et sa propre torture, perpétuelle.

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